Cent ans
après. (Méditations
d’un cyclotouriste solitaire).
Le cycliste solitaire, surtout s’il connaît
ses limites, prévoit en général d'effectuer un parcours qui lui permette de
revenir avec le vent favorable. A la belle saison, lorsque le vent est au Sud,
mes circuits me mènent donc souvent vers des lieux situés de l'autre côté de
nos collines d'Artois, qu'il me faut bien sûr d'abord franchir. Dans une telle
configuration météo, ce qui est rarement le cas dans notre région, depuis l’été
2012 où je me suis arrêté pour la première fois à Mareuil, je mêle une fois par
an à cet entraînement physique une dose de "devoir de mémoire".
Le cimetière de Lorette (vue partielle)
Après avoir grimpé la côte d'Hersin ou celle de Bouvigny, je traverse le village de Gouy-Servins dont je longe le cimetière : le drapeau tricolore planté à l'entrée me rappelle la direction du vent mais me signale aussi la présence de tombes militaires. Nous sommes en effet à l'extrémité Ouest de la crête de Lorette appelée ''cote 165'' durant la guerre de 1914-1918, qui fut le théâtre (si ce mot convient ici) de terribles affrontements pendant la première bataille d'Artois (octobre 1914 - octobre 1915). Le village suivant est celui d'Ablain-Saint Nazaire, dont l'église martyre se trouve au pied de cette tristement célèbre colline. Venant de Servins on laisse la ruine de l'église à gauche et commence alors la grimpée d'un véritable petit col, long d'un kilomètre, avec des pourcentages entre 9 et 12 % inscrits à la peinture sur le revêtement de la chaussée. Peu de cyclistes savent que leurs efforts pour arriver là-haut n'ont aucune commune mesure avec ceux qu'ont fournis les ''poilus'' de 14 pour atteindre le même point. Les cyclistes l'appellent la''voie blanche'', la plupart ignorent que son véritable nom est la ''Blanche Voie'', nom peut-être dû aux affleurements de craie si présents ici. Arrivé là-haut on découvre un immense cimetière où reposent près de 20 000 soldats alliés, la plupart français. 22 000 autres dépouilles, non identifiées, reposent dans huit ossuaires du site. Les tombes des alliés sont reconnaissables à leurs croix ou leurs plaques blanches. Les croix noires des vaincus sont ailleurs. On entend chanter des oiseaux, il émane de ces alignements impeccables de tombes une impression d'ordre, de calme, il y règne une paix oppressante qui me rappelle quelque peu ce que j'ai ressenti un jour en visitant le camp de concentration d'Auschwitz. Il n'en a pas toujours été ainsi car voici comment un journaliste décrivait en 1918 cet endroit que les Allemands appelaient ''der Totenhügel'' (la colline des morts) : «…/… un plateau entièrement dénudé où le sol ne forme qu'une succession d'entonnoirs de trous d'obus et où ne subsiste aucun vestige des anciennes organisations allemandes ».
Le côté Nord de la crête descend en
pente douce vers le bassin minier et la grande plaine du Nord, mais le côté Sud
est très escarpé, il se compose - de Bouvigny (Ouest) à Souchez (Est) - de cinq éperons
rocheux dont la ‘’Blanche Voie’’ est le quatrième. Les trois premiers éperons
ont été pris dans les mois qui
précèdent la conquête de la Blanche Voie
(octobre 1914 à mars 1915) après une succession d’attaques où on gagnait
quelques centaines, voire quelques dizaines de mètres, repris peu après lors de
contre-attaques allemandes : ce fameux "grignotage" de Joffre
qui fit tant de victimes. En avril, le dernier éperon, celui de Souchez est conquis
lui aussi : les prises françaises forment donc un demi cercle autour de la
‘’Blanche Voie’’ dont l’organisation et l’aménagement font un site quasi
imprenable. La résistance des Allemands
y durera du 9 au 22 mai 1915.
Après un énorme pilonnage par l'artillerie, les soldats de la division du
général Maistre parviennent à ramper jusqu’aux nids de mitrailleuses
allemandes, ils arrachent des sacs de sable du parapet allemand et s’en servent
pour obstruer les créneaux des mitrailleuses.qui sont ainsi aveuglées et réduites au silence. Les
fantassins et les chasseurs enjambent alors le parapet, sautent dans les
tranchées ennemies où le combat se termine au corps à corps, à la baïonnette
et au couteau.
Quand j'arrive là-haut je suis à
environ 30 km de mon point de départ et j'éprouve le besoin de souffler un peu,
je fais donc toujours une pause à la table d'orientation située face à l'entrée
du cimetière. Cette table dirigée vers le Sud, et qui malheureusement commence
à s'effacer, donne un véritable répertoire de tous les villages marqués par les
innombrables tentatives pour reprendre la colline tenue par les Allemands
depuis leur invasion. La suite de mon périple va me faire traverser un bon
nombre d'entre eux. De Lorette je descends donc vers Souchez que les Allemands
ont tenu, même après la prise de la
Blanche Voie, jusqu'à l'automne 1915. Voici ce qu'on peut lire dans
''L'Illustration'' du 23 octobre 1915 à propos de Souchez : '' C'était un
très gros bourg …/... avec deux gares, un important hospice, un commerce
florissant, deux châteaux. Plus rien. Tout est par terre, éboulé, écrasé, rasé,
en poussière''. Dans son roman "Feu" Henri Barbusse ajoute à une description semblable
qu’aucun reste de mur n’y atteignait la hauteur d’un mètre.
L’église d’Ablain-St Nazaire.
Après
Souchez je retourne pendant environ un kilomètre vers l’Ouest pour obliquer
ensuite de nouveau vers le Sud en empruntant un chemin maintenant bucolique, où je me suis
trouvé un jour nez à nez avec un chevreuil, et qui me mène à Carency. Ce
village fut pendant un moment dans le
front d’Artois la plus grande avancée ennemie vers le Sud-ouest, une
sorte de promontoire devant la colline de Lorette. Cet endroit stratégique, car
il barrait l’accès vers Lens, transformé en véritable forteresse par les
Allemands, devait absolument être repris en priorité. L’attaque commença dès
décembre 1914 mais ne se termina qu’en mai 1915 : le village avait entre-temps
été complètement démoli. C’est à Carency que François Faber, vainqueur du Tour
de France en 1909, fut tué en mai 1915, soit quelques jours seulement avant que
les alliés ne reprennent ce lieu définitivement. François Faber repose
maintenant à Lorette, où une plaque lui rend hommage dans la basilique.
Mon chemin à travers champs et
bosquets me mène maintenant vers les tours tronquées de l'abbaye du Mont
Saint-Eloi : sur ses terrasses Sud encore visibles les moines cultivaient
la vigne au Moyen-âge. L’abbaye fut détruite en grande partie durant la Révolution,
la guerre de 14-18 achèvera le "travail". Une descente assez raide demande
alors une grande prudence car elle est coupée en bas par la D 341, communément
appelée ici Chaussée Brunehaut. Je continue ma progression contre le vent du
Sud et me dirige maintenant vers Maroeuil. A l'entrée de ce village se trouve
le cimetière où je m'arrête toujours pour faire le plein d'eau. Eh oui, dans
notre région où l’eau du ciel ne manque pourtant pas, on ne trouve plus de
fontaines publiques dispensant généreusement leur eau potable aux passants assoiffés.
Les ‘’cyclos’’ remplissent donc leur bidon dans les cimetières. A droite de
l'entrée du cimetière communal, à quelques mètres du robinet, s'étend un
''carré'' de plusieurs centaines de tombes militaires françaises. C’est là que
lors de l’été 2012 j’ai pris durant une courte pause le temps de lire les
inscriptions gravées sur les croix de la première rangée. La deuxième porte
l'inscription ''Jacques d'Armau de Pouy Draguin : Sous-Lieutenant au 37ème
RI, tué le 12 mai 1915''. Sur la tombe
suivante je lis ''Augustin d'Armau de
Pouy Draguin : Sous-lieutenant au 26ème RI, tué le 9 mai 1915''. Deux frères,
tués à trois jours d'intervalle. Je fais quelques pas, je lis les inscriptions
sur les croix et une fois de plus je
suis frappé par le nombre impressionnant de tombes de lieutenants ou sous-lieutenants,
et aussi d’adjudants. Après avoir donné le signal de l’assaut d’un coup de
sifflet ils étaient les premiers à bondir hors de la tranchée et constituaient
ainsi les premières cibles des mitrailleuses ennemies : ceci explique
peut-être cela. Et pendant ce temps certains généraux de l’état-major, les
décideurs de ces batailles aussi inutiles que meurtrières, interdisaient qu’on
les dérangeât pendant leur sieste…
Ce
jour de l’été 2012 j’ai repris la route plongé dans mes pensées dont je ne sortis que lorsque
la circulation sur la grand-route
Arras-Saint Pol que je devais traverser me rappela à plus de vigilance.
Quelques centaines de mètres après le
rond-point, au bord de la route, c'est le cimetière militaire de Duisans.
Intrigué par le style "oriental" de son entrée je m’y suis arrêté aussi. C’est un triangle de taille
modeste, au gazon soigneusement entretenu. En lisant les panneaux de renseignements
j’ai découvert que 2857 soldats britanniques,
320 Canadiens, des Australiens, des Néo-Zélandais, des Sud-Africains, des
Indiens et 87 Allemands, y sont enterrés. Ce nombre m’a surpris, il faudrait au
moins trois fois plus de place pour y « caser » des tombes civiles.
Ici, la plupart des tombes indiquent l’âge de celui qui y
repose : pour le plus grand nombre d’entre eux c’est un âge qui commence
par le chiffre 2, il y a aussi beaucoup de trentenaires et j’ai également
trouvé la tombe d’un "Second
Lieutenant"
tué à 19 ans. Ils sont là, si jeunes, presque serrés les uns contre les autres,
amis et ennemis, dans une fraternisation définitive et qui n’est plus réprimée
comme elle le fut durant la guerre, tombés dans les derniers combats, en 1917 et 1918, ceux qui ont fini par faire
reculer les Allemands de façon décisive. L’armée du Commonwealth occupait Arras que les Allemands ne cessèrent quasiment
jamais de pilonner de leur artillerie durant toute la guerre. 24 000 soldats
britanniques patientaient dans souterrains d’Arras en attendant l’assaut. Ces
jeunes gens en sortirent tous ensemble après huit ou dix jours, parce que
Ludendorf espérait encore une fois inverser le cours de la guerre, et ils se firent tuer sur cette terre qui
n’était pas la leur pour que notre Artois retrouve la paix et la liberté. Dans
leur pays il n’y avait pas de service militaire obligatoire, ils étaient tous
engagés volontaires. Mais, qu’ils fussent appelés sous les drapeaux ou engagés
volontaires, tous ces jeunes hommes fauchés au meilleur moment de la vie, n'ont-ils
pas mérité que même cent ans après l’on
pense encore à eux chaque fois que l’occasion se présente, même si cela ne dure
que quelques minutes par an ? C’est aussi le devoir de ceux qui ont eu la
chance de ne pas avoir connu un tel enfer, mais qui savent, de transmettre ce
savoir à la jeunesse d’aujourd’hui, trop rapide à se tourner vers les facilités
de la société de consommation.
L’entrée du cimetière militaire de Duisans
J’avais atteint le point de ma randonnée où je changerais de direction en repartant vers le Nord-est, c’était aussi le dernier grand cimetière que j’allais longer. Le vent me poussait maintenant, je faisais moins d’efforts pour pédaler mais la "gamberge" continuait de plus belle. Je repensais à ces deux frères, dont le nom porte à croire qu’ils étaient les descendants d’une grande lignée aristocratique, j’imaginais la fierté de leurs parents lorsqu’ils les voyaient tous deux dans leurs uniformes rutilants de Saint-Cyriens : n’était-ce pas la tradition de « faire » Saint-Cyr dans ces familles ? Je voyais leur mère à qui on annonçait qu’un de ses fils est mort au champ d’honneur. Et trois jours plus tard c’était le tour de l’autre. Je repensais à la photo de mon grand-père paternel sur laquelle on le voyait chargeant sabre au clair sur un cheval au galop : son cheval et son uniforme d’opérette faisaient briller les yeux du gamin que j’étais alors. C’était bien l’uniforme de son régiment mais j’ai réalisé quelques années plus tard qu’il s’agissait en fait d’un montage grossier, comme il s’en faisait beaucoup à l’époque. Mon grand père a bien fait la guerre mais en réalité son cheval tirait un chariot transportant des obus de 75. Lorsqu’il est arrivé dans sa compagnie on lui conseilla dès le premier jour de rédiger ses dernières volontés. L’artillerie lourde allemande connaissait le trajet emprunté par ces ravitailleurs, dont la durée de vie – et celle de leurs chevaux – était très limitée. Mon grand-père est revenu de la guerre, ainsi que ses quatre frères. Par contre un frère de sa femme est enterré à Lorette. Mon grand-père maternel est tombé à Verdun, j’ignore où il est enterré. La guerre frappe les familles de façon très aléatoire.
Je comprenais maintenant l’inquiétude de ma grand-mère lorsque je lui ai annoncé l’été 1960 que je partais faire un voyage en Allemagne. Elle était née en 1884, son enfance avait dû être abreuvée de récits concernant la guerre de 1870 contre les Prussiens, encore récente, tout comme celle des gens de mon âge l’avait été par des souvenirs de la première et de la deuxième guerre mondiale. En 1914 elle a trente ans, est mère de trois enfants – dont mon père – elle voit partir son mari à la guerre, de nouveau contre les Allemands. En 1939 c’est son fils qui part pour la "drôle de guerre", dont il reviendra lui aussi heureusement quelques mois plus tard (sinon je ne serais pas là !). Trois guerres, trois invasions, et chaque fois les mêmes ennemis, des Prussiens, des Allemands ou des Autrichiens, qu’elle mettait tous dans le même sac. Et son petit-fils qui partait dans ce pays de barbares alors que rien ne l’y obligeait, si ce n’est cette bourse pour un voyage en Allemagne … (mon professeur d’allemand m’avait choisi comme lauréat alors même que je n’étais pas son meilleur élève, j’ose espérer qu’il n’a pas regretté son choix par la suite). Je me souviens que lorsqu’elle m’a embrassé pour me dire au revoir, ma grand-mère était persuadée que je ne reviendrais pas vivant. Et j’en suis revenu bien sûr, c’est même ce voyage qui a décidé de mon orientation professionnelle. C’était l’époque des premiers jumelages avec des villes allemandes, dans le cadre du Mouvement Fédéraliste Européen qui comptait dans ses rangs bon nombre de lycéens dont je faisais partie : des jeunes qui voulaient tendre la main à l’ennemi traditionnel, ou plutôt à ses enfants, qui comme nous n’étaient pour rien dans ces guerres. Nous étions des ‘’petits Jean Monnet" en quelque sorte, qui faisaient à leur manière progresser ‘’à petits pas’’ ce qui allait devenir l’ Union Européenne, laquelle, malgré toutes ses imperfections, a permis que depuis 1945 aucun nouveau cimetière militaire n’est venu jalonner les parcours des cyclotouristes artésiens.
J’avais atteint le point de ma randonnée où je changerais de direction en repartant vers le Nord-est, c’était aussi le dernier grand cimetière que j’allais longer. Le vent me poussait maintenant, je faisais moins d’efforts pour pédaler mais la "gamberge" continuait de plus belle. Je repensais à ces deux frères, dont le nom porte à croire qu’ils étaient les descendants d’une grande lignée aristocratique, j’imaginais la fierté de leurs parents lorsqu’ils les voyaient tous deux dans leurs uniformes rutilants de Saint-Cyriens : n’était-ce pas la tradition de « faire » Saint-Cyr dans ces familles ? Je voyais leur mère à qui on annonçait qu’un de ses fils est mort au champ d’honneur. Et trois jours plus tard c’était le tour de l’autre. Je repensais à la photo de mon grand-père paternel sur laquelle on le voyait chargeant sabre au clair sur un cheval au galop : son cheval et son uniforme d’opérette faisaient briller les yeux du gamin que j’étais alors. C’était bien l’uniforme de son régiment mais j’ai réalisé quelques années plus tard qu’il s’agissait en fait d’un montage grossier, comme il s’en faisait beaucoup à l’époque. Mon grand père a bien fait la guerre mais en réalité son cheval tirait un chariot transportant des obus de 75. Lorsqu’il est arrivé dans sa compagnie on lui conseilla dès le premier jour de rédiger ses dernières volontés. L’artillerie lourde allemande connaissait le trajet emprunté par ces ravitailleurs, dont la durée de vie – et celle de leurs chevaux – était très limitée. Mon grand-père est revenu de la guerre, ainsi que ses quatre frères. Par contre un frère de sa femme est enterré à Lorette. Mon grand-père maternel est tombé à Verdun, j’ignore où il est enterré. La guerre frappe les familles de façon très aléatoire.
Je comprenais maintenant l’inquiétude de ma grand-mère lorsque je lui ai annoncé l’été 1960 que je partais faire un voyage en Allemagne. Elle était née en 1884, son enfance avait dû être abreuvée de récits concernant la guerre de 1870 contre les Prussiens, encore récente, tout comme celle des gens de mon âge l’avait été par des souvenirs de la première et de la deuxième guerre mondiale. En 1914 elle a trente ans, est mère de trois enfants – dont mon père – elle voit partir son mari à la guerre, de nouveau contre les Allemands. En 1939 c’est son fils qui part pour la "drôle de guerre", dont il reviendra lui aussi heureusement quelques mois plus tard (sinon je ne serais pas là !). Trois guerres, trois invasions, et chaque fois les mêmes ennemis, des Prussiens, des Allemands ou des Autrichiens, qu’elle mettait tous dans le même sac. Et son petit-fils qui partait dans ce pays de barbares alors que rien ne l’y obligeait, si ce n’est cette bourse pour un voyage en Allemagne … (mon professeur d’allemand m’avait choisi comme lauréat alors même que je n’étais pas son meilleur élève, j’ose espérer qu’il n’a pas regretté son choix par la suite). Je me souviens que lorsqu’elle m’a embrassé pour me dire au revoir, ma grand-mère était persuadée que je ne reviendrais pas vivant. Et j’en suis revenu bien sûr, c’est même ce voyage qui a décidé de mon orientation professionnelle. C’était l’époque des premiers jumelages avec des villes allemandes, dans le cadre du Mouvement Fédéraliste Européen qui comptait dans ses rangs bon nombre de lycéens dont je faisais partie : des jeunes qui voulaient tendre la main à l’ennemi traditionnel, ou plutôt à ses enfants, qui comme nous n’étaient pour rien dans ces guerres. Nous étions des ‘’petits Jean Monnet" en quelque sorte, qui faisaient à leur manière progresser ‘’à petits pas’’ ce qui allait devenir l’ Union Européenne, laquelle, malgré toutes ses imperfections, a permis que depuis 1945 aucun nouveau cimetière militaire n’est venu jalonner les parcours des cyclotouristes artésiens.
Je m’efforce désormais tous les ans de
refaire au moins une fois ce parcours-pèlerinage, le robinet voisin des tombes
des deux frères a été supprimé, mais je continue d’y faire ma pause et chaque
fois je me repose la question :
Est-ce
que cette fois le "plus jamais ça" sera vrai pour toujours ?
PS : Un ami à qui j’ai soumis ce texte pour une relecture
m’a appris que les deux frères d’Armau de Pouy Draguin avaient effectivement
été St-Cyriens . Leur père était général, il commandait les troupes
engagées dans la bataille des Hautes Vosges en 1915.
Article paru dans le bulletin des anciens du lycée de 2014